Histoire des Italiens

en Afrique du nord




L ' immigration Italienne

à partir de 1830


Carte de l’Italie en 1859

En 1866 l’Italie compte les états suivants:

---Le royaume de Piémont-Sardaigne
---Les trois duchés de Parme, Modane et Toscane
---La Lombardie et la Vénétie
---Le royaume des deux Siciles
---Les états pontificaux



Immigrants Italiens

... Après la conquête, les troupes françaises assurant la sécurité, les pêcheurs qui exerçaient depuis toujours le métier de corailleur au large des côtes africaines furent l'avant garde de l' implantation italienne en Afrique du nord.

...L’émigration italienne vers l' Algérie va se poursuivre de 1830 à 1914. Elle est due à la misère, le manque de travail ,une vie difficile et l'espoir d' un nouvel Eldorado.Ces migrants de la première heure se répartissent dans toute l'Algérie sous contrôle français.



Les ravages du choléra

...Cette première migration s'interrompt de 1848 à 1852. la crise économique frappe l’Algérie et provoque le départ des entrepreneurs en bâtiments et le ralentissement de l' imigration.

...Et à cela se rajoutent les épidémies de choléra de 1849 qui vont se se propager de la ville d’Alger jusque dans la plaine de la Mitidja. D’autres épidémies de choléra apportées par des bateaux depuis la France jusqu' en 1884 vont affecter les ports Alger, Bône, Oran, ainsi que les villes et villages de l’intérieur Sétif, Constantine, Biskra, Guelma…



la gare de Bouira

...Période 1860-1870. En Algérie, la politique de mise en place des grands travaux: construction des routes, des voies ferrées (en 1863 ligne Oran-Alger), des ports, du barrage du Chélif et l’exploitation des mines de fer et de plomb de l’est algérien relance fortement l’émigration qui ne s’arrêtera qu’au moment de la Grande Guerre

...De nouveaux émigrants arrivent du Piémont, D'Emilie-Romagne et de Toscane. Egalement des Italiens du Golfe de Tarente à BONE et à PHILIPPEVILLE, des rescapés du cataclysme de MESSINE, des habitants de PROCIDA proche de NAPLES dans les marines d'ALGER et d'ORAN, des ressortissants de l'île d'ISCHIA et de TORRE DEL GRECO à BOUDIE et PHILIPPEVILLE, des immigrants de CEFALU proche de PALERME qui s'installent à CASTIGLIONE dans l’Algérois, des Sardes D'Oranie, FORMI, JERZU se fixant le long de la frontière algéro-tunisienne.

...Ces immigrants se répartissent sur le soi algérien dans quatre grands secteurs d'activité: la pêche, les mines, le bâtiment et les grands travaux.



Colonie de La Calle

...Ces migrants de la première heure se répartissent dans toute l'Algérie sous contrôle français, ils privilégient certes le littoral, COLLO et LA CALLE , BÔNE, PHILIPPEVILLE et ALGER qui abrite déjà la plus forte colonie italienne de l'Algérie, mais aussi l'ouest, où ORAN, MERS EL-KEBIR et NEMOURS accueillent de nombreux Italiens.

...Une frange de cette population se disperse déjà dans l'intérieur à TLEMCEM, SIDI BEL ABBES, ORLEANSVILLE, BLIDA, GUELMA et CONSTANTINE.



Un village de pêcheurs

... Les immigrants donnent le nom de CHIFFALO à leur lieu-dit en référence à CEFALU d'où ils sont originaires.. Ils sont 120 en 1896, 200 en 1900, 330 en 1905..

... Le centre connaît une certaine réussite, les Italiens montent de véritables centres d'industrie de la pêche de la CALLE, dans le Constantinois, à NEMOURS en Oranie, et occupent les fonctions les plus diverses relatives à l'activité maritime: chefs canotiers, acconiers, capitaines de port, vendeurs d'agrès, courtiers maritimes.



Alger

...Après 1918, le courant migratoire se tarit. En Algérie, l'absorption de la colonie italienne se fait lentement. En 1936, on recense très exactement 21009 Italiens, au début des années 50, moins de 10000. Toutefois si leur nombre diminue progressivement, les Italiens offrent une certaine visibilité, car ils sont regroupés en micro communautés à BONE, ALGER, PHILIPPEVILLE pour les plus importantes localités, mais aussi dans l'ouest algérien dans de petits ports de pêche comme MERS EL-KEBIR, où sont sauvegardées la langue, les traditions.

... On découvre une vie associative intense, la célébration des fêtes religieuses importantes comme la Befana L'Epiphanie) ou plus modestes comme Saint-Joseph de la croix (à GUYOTVILLE) ou encore San Ciro d'Alessandria. Des sociétés de bienfaisance italiennes s'activent pour venir en aide à leurs compatriotes déshérités, des associations d'anciens combattants se créent, une messe en italien est célébrée un dimanche par mois dans la cathédrale d'ALGER.

...Les pêcheurs italiens qui sont regroupés en confréries et rappelle l'importance de la célébration de Sainte Lucie de PHILIPPEVILLE.

...Le quartier de la Marine, situé à la frontière de Bab El Oued respire, chante, pleure et prie en italien.




Les métiers de la mer


La Goulette (Tunisie)

...Avant la conquête française en Afrique du nord, ceux sont les pêcheurs italiens, et surtout des pêcheurs de corail qui s’installent temporairement sur le littoral.



Les pêcheurs de corail

...Depuis les années 1800 , les Italiens sont très présents dans la pêche au corail le long des côtes africaines.Beaucoup d'entre eux s'établirent en Tunisie.

...A partir de 1821 ils viennent de Livourne ou de Torre del Greco mais il y avait aussi des Sardes , des Toscans , des Napolitains et des Siciliens .



Les balancelles

... En 1830 la conquête de l’Algérie va faire naître un espoir de vie meilleure dans une population miséreuse et va favoriser les départs vers l' Afrique.

... Des familles entières qui ont de grandes difficultés à survivre d' une manière satisfaisante partent dans l' espoir d'une vie meilleure sur des balancelles (petites barques de pêcheurs).

... Des bateaux de commerce outre leur cargaison de marchandises transportent des émigrants miséreux dans des conditions déplorables.

...Avec ces premiers émigrants pêcheurs arrivent aussi de petits commerçants qui ouvrent des débits de boissons, de petites échopes…

... les Italiens résident dans la partie la plus proche de la mer: rue de la Marine, rue d’Orléans, rue des trois couleurs, rue des consuls, rue de la Charte… Les Italiens préfèrent toujours le littoral et le milieu urbain: 50% de leur population se



La Calle : le Débarcadère Castiglione et le village de pêcheurs de Bou Haroun

...Dans les années 1870, LA CALLE est concurrencée par STORA qui voit arriver tous les ans, en avril, une centaine de barques italiennes.

...c'est surtout PHILIPPEVILLE qui se développe progressivement pour devenir le plus grand part de pêche de l'est algérien.

...à ALGER le quartier de la Marine accueille les pêcheurs mais aussi des ouvriers des salaisons, des friteries, des conserveries.

... En 1880, ils s'installent à BOU HAROUN proche de CASTIGLIONE dans des conditions effroyables totalement isolés et sans eau potable.



Bône : le port de pêche

... Cette première migration s'interrompt brutalement avec les années 1848-50 sous la conjonction de deux faits : la crise économique et l'épidémie de choléra qui ravage l'Algérie.



Le port de pêche d' Oran et des pêcheurs d' Arzew

...Les pêcheurs vont s' implanter dans les grands ports de la côte.

...A Oran ce sera le quartier de La Marine , le vieux quartier espagnol.



Saint André de Mers el Kébir

...Dans la magnifique rade de Mers el Kébir ,prohe dela ville d' Oran, le village va abriter les pêcheurs Napolitains qui apporteront avec eux les traditions et les coutumes de leurs iles natales.

...C' est à Mers el Kébir que les pêcheurs Napolitains vont s' installer en provenance principalement des iles de Procida et Ischia.

...Ces exilés des temps modernes partis de Sorrente, Procida, Torre Del Gréco, Cufalo embarqués sur des balancelles transformées en chalands, écument les eaux poissonneuses de ce paradis vierge de Méditerranée



Le port de Nemours

...Après la conquête française de l'Algérie en 1830 ils viennent de GIGLIO, de SESTRI LEVANTE, de MESSINE, de TARENTE, de NAPLES, d ISCHIA et de PROCIDA pêcher la bonite, le maquereau, l'allache, l'anchois, la sardine, le poulpe. Les sardes se font une spécialité de la pêche au thon.

...La petite Italie vit par la mer et pour la mer.



La population ouvrière

Travailleurs italiens

... Les pêcheurs ne sont pas les seuls à débarquer en Afrique du nord.D'autres arrivent en masse de Campanie, de Calabre, de Sicile et de Sardaigne, c'est à dire du Mezzogiorno misérable.

... Mais le Nord fournit aussi son contingent d'émigrants originaires prioritairement du Piémont, D'Emilie-Romagne et de Toscane.




Travailleurs italiens

... Des Turinois et des habitants du Tessin s'installent là où leur qualité de maçons sont appréciés.

... Ces immigrants se répartissent sur le soi algérien dans quatre grands secteurs d'activité: la pêche, les mines, le bâtiment et les grands travaux.



Les carrières de la bouzareah et le barrage du Gribs sur le Chélif

... Des maçons et des ouvriers de bâtiment arrivent également. ... Ils suivent également l'armée de BUGEAUD puisqu'on les recense à ORLEANSVILLE dès 1846, secondant les militaires dans l'élaboration des fortifications et l'aménagement des routes.

...Ces mêmes ouvriers montrent une certaine ardeur à reconstruire BLIDA dans les années 1840. L'autre grand secteur d'activité dominant dans lequel excellèrent les Italiens fut les mines. Très tôt, des mines de fer, d'hématite et de plomb furent exploitées dans l'est à proximité de GUELMA dès les années 1840 sur le territoire des Beni Addoun. En 1856 c'est la mine de plomb argentifère de KIF OUM TEBOUL qui est ouverte près de LA CALLE. Dans le dernier quart du XIXe siècle sont mis en valeur les gisements de fer et de phosphate proches de SOUK AHRAS et de TEBESSA, puis ceux d'AIN MOKRA voisins de BONE et les mines et les carrières de TABABORT TAKINOUT près de BOUGIE. Juste avant la première guerre mondiale sont découverts les gisements de l'OUENZA.

Le troisième secteur attractif pour les Italiens est celui du bâtiment et le quatrième, celui des grands travaux. Dans le bâtiment, nous avons déjà cité ALGER et BLIDA en partie reconstruite par les Italiens, mais on les remarque à BOUGIE où en 1866 sur 18 maçons, 15 sont Italiens qui feront souche. A PHILIPPEVILLE, à la même époque, 3 entrepreneurs de travaux publics sur 4 sont italiens. Autour de cette activité gravitent d'autres professions dans lesquelles excellent les Italiens : plâtriers, briquetiers, marbriers, carreleurs qui font venir la faïence et la pouzzolane par TRIESTE. Un marbrier de CARRARE découvre les gisements de FILFILA près de PHILIPPEVILLE et exploite également le gisement d'AIN TOMBALEK sur la route de TLEMCEM à ORAN. Le marbre noir de SIDI YAHIA près de BOUGIE était également exploité par des Italiens.

Mais entre 1860 et 1900, l'Algérie est un gigantesque chantier avide de main d'oeuvre. En 1879, le vice-consul d'Italie en poste à Bône délivre à ses concitoyens 1082 livrets d'ouvriers ; en 1880, il en octroie 1215 ! BONE devient alors la ville italienne de l'est algérien. Le consul d'Italie à ALGER en 1892 affirmait que les immigrants italiens avaient construit en Algérie sous la direction d'ingénieurs français 2000 Kms de routes nationales, 1700 Kms de routes départementales, 800 Kms de voies ferrées.



DOCUMENT
- Documents - La Salamandre


DOCUMENT

- Documents - : Un pêcheur de Procida



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